Dans les rues animées et colorées de La Havane, une grand-mère nommée Elena soupire en regardant le peu de riz et de haricots qui constituent le maigre repas du jour pour ses trois petits-enfants. Elle se souvient avec nostalgie d'une époque révolue où elle pouvait leur offrir plus de variété, une petite douceur occasionnelle, un fruit frais ou un morceau de viande. Aujourd'hui, chaque peso cubain compte, chaque centime est scruté, et l'inflation galopante rend l'accès à la nourriture, même la plus basique, de plus en plus difficile, voire impossible. Ce tableau désolant, malheureusement, se répète dans de nombreux foyers cubains, une ombre planant sur la joie de vivre traditionnelle.
La situation économique cubaine est actuellement marquée par une combinaison dévastatrice de facteurs interdépendants qui ont conduit à des pénuries persistantes et généralisées de produits de première nécessité, une inflation élevée et hors de contrôle, et une dévaluation significative et continue du peso cubain. Ces défis économiques majeurs, exacerbés par des facteurs à la fois externes et internes, placent une pression immense et insoutenable sur la capacité des familles à accéder à une alimentation adéquate, abordable et nutritive. Comprendre cette complexité multifactorielle est crucial pour appréhender la réalité brutale de la vie quotidienne à Cuba aujourd'hui, loin des clichés touristiques.
La crise alimentaire à cuba : peinture du tableau sombre
La hausse dramatique et exponentielle des prix des aliments à Cuba a plongé les familles dans une situation de précarité alimentaire exacerbée, les poussant au bord du gouffre. Cette crise alarmante contraint les ménages à développer des stratégies de survie complexes, souvent précaires, ingénieuses mais désespérées, remettant en question leur sécurité alimentaire et nutritionnelle, leur bien-être général et leur dignité humaine. L'impact est profond, dévastateur et nécessite une analyse détaillée et nuancée pour comprendre les mécanismes sous-jacents et les conséquences à long terme de cette réalité tragique.
Plusieurs causes sous-jacentes, tant internes qu'externes, contribuent de manière significative à la crise alimentaire cubaine. L'embargo économique, commercial et financier imposé par les États-Unis, en place depuis des décennies, entrave considérablement l'importation de nourriture, de médicaments, de technologies agricoles modernes et d'autres ressources essentielles pour la production et la distribution alimentaires. La centralisation excessive et inefficace de l'agriculture, avec une faible productivité, un manque d'incitations pour les agriculteurs et une bureaucratie étouffante, limite l'offre alimentaire locale et décourage l'investissement dans le secteur. La pandémie mondiale de COVID-19 a porté un coup dur au tourisme, une source cruciale de revenus en devises pour Cuba, réduisant drastiquement la capacité du pays à importer des biens essentiels, notamment des denrées alimentaires. Enfin, les effets dévastateurs du changement climatique, tels que les sécheresses prolongées, les ouragans violents et les inondations côtières, dévastent les récoltes, détruisent les infrastructures agricoles et aggravent les pénuries alimentaires, fragilisant encore davantage la sécurité alimentaire du pays.
La hausse des prix des aliments se manifeste concrètement et de manière alarmante dans l'augmentation vertigineuse du coût des produits de base essentiels. Par exemple, le prix du riz, un aliment de base dans le régime alimentaire cubain, a augmenté de près de 300% en seulement un an. Les haricots noirs, autre aliment essentiel et source importante de protéines, ont vu leur prix plus que doubler, devenant inabordables pour de nombreuses familles. L'huile de cuisson, autrefois accessible, est devenue un luxe que beaucoup ne peuvent plus se permettre, son prix ayant triplé en quelques mois. Le poulet, une source de protéines importante, est devenu hors de portée pour une grande partie de la population, avec une augmentation de prix de plus de 250%. Ces augmentations de prix astronomiques, combinées à des salaires moyens qui stagnent et qui ne suivent pas l'inflation, rendent l'accès à une alimentation saine, équilibrée et abordable extrêmement difficile, voire impossible, pour une proportion croissante de la population cubaine.
- Le prix du riz a augmenté de 300% en un an, un véritable coup de massue pour les familles.
- Les haricots, source de protéines abordable, ont vu leur prix doubler, restreignant l'accès à une alimentation nutritive.
- L'huile de cuisson est devenue un luxe, impactant la préparation des aliments et les traditions culinaires.
- Le poulet, autrefois accessible, est devenu inaccessible pour une grande partie de la population, limitant l'apport en protéines.
L'impact dévastateur de la hausse des prix sur la vie quotidienne des familles cubaines
L'augmentation vertigineuse du coût de la vie a un impact direct, profond et dévastateur sur la routine quotidienne des familles cubaines. Les habitudes alimentaires sont bouleversées et modifiées de manière radicale, les dépenses sont répriorisées, souvent au détriment d'autres besoins essentiels, et le marché noir, illégal et risqué, devient une option de plus en plus présente, bien que porteuse de dangers et d'incertitudes. Chaque aspect de la vie quotidienne est touché, forçant les Cubains à s'adapter, à innover et à faire des choix déchirants pour survivre dans un environnement économique de plus en plus hostile.
Restriction draconienne du régime alimentaire : la réalité crue des assiettes cubaines
La flambée des prix des aliments contraint les familles à réduire drastiquement la quantité et la qualité de la nourriture qu'elles consomment, les plongeant dans une situation de malnutrition chronique. La diversité alimentaire diminue considérablement, les repas étant souvent composés principalement de riz, de pâtes et d'autres aliments de base bon marché, riches en calories mais pauvres en nutriments essentiels. Cette situation a des conséquences directes et graves sur la santé des Cubains, en particulier des enfants, des femmes enceintes et des personnes âgées, qui ont besoin d'une alimentation équilibrée et variée pour rester en bonne santé et maintenir leur système immunitaire.
Les habitudes alimentaires ont subi des changements drastiques et alarmants. La consommation de viande, de fruits, de légumes et de produits laitiers a considérablement diminué, voire disparu pour de nombreuses familles, car ces aliments sont devenus trop chers et inaccessibles pour la plupart des ménages. De plus en plus de personnes se tournent vers des ersatz, des substituts de mauvaise qualité ou des aliments peu communs par nécessité, essayant de trouver des alternatives abordables et disponibles pour nourrir leurs familles, souvent au détriment de leur santé. Cette situation met en évidence la gravité extrême de la crise et les défis considérables auxquels les Cubains sont confrontés pour maintenir une alimentation adéquate et prévenir la malnutrition.
De nombreuses familles, poussées à bout par la crise économique, sont contraintes de sauter des repas régulièrement pour faire des économies et survivre. Des témoignages poignants et déchirants révèlent que certains parents, par amour et sacrifice, se privent de nourriture pour que leurs enfants puissent manger, ou que des personnes âgées, vulnérables et isolées, se contentent d'un seul repas par jour, compromettant gravement leur santé. Ces sacrifices extrêmes ont des conséquences psychologiques importantes, entraînant stress chronique, anxiété permanente, dépression et un sentiment d'insécurité constant face à l'avenir. La précarité alimentaire est devenue une réalité quotidienne et oppressante pour de nombreux Cubains, les privant de leur dignité et de leur espoir.
- Les familles cubaines sautent des repas pour économiser de l'argent, un choix déchirant aux conséquences néfastes.
- La consommation de viande, de fruits et de légumes diminue drastiquement, entraînant des carences nutritionnelles et des problèmes de santé.
- Les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées sont les plus touchés par la restriction alimentaire, compromettant leur développement et leur bien-être.
- La précarité alimentaire engendre stress, anxiété et dépression, affectant la santé mentale des Cubains.
Priorisation des dépenses : arbitrage douloureux et sacrifices inévitables
Face à la hausse vertigineuse des prix des aliments, les familles cubaines doivent faire des sacrifices douloureux et arbitrer entre leurs besoins essentiels, souvent au détriment de leur santé, de leur éducation et de leur bien-être. Les dépenses en santé, notamment l'achat de médicaments et la consultation de médecins, sont réduites au minimum, voire supprimées, ce qui peut avoir des conséquences graves et irréversibles sur la santé des personnes, en particulier en cas de maladies chroniques. Les dépenses en éducation, telles que l'achat de fournitures scolaires, de manuels et de matériel pédagogique, sont également sacrifiées, ce qui peut affecter la qualité de l'éducation des enfants et compromettre leur avenir. Les vêtements sont gardés plus longtemps, réparés et transformés, et les achats de nouveaux vêtements sont limités au strict nécessaire, ce qui peut affecter l'estime de soi et l'intégration sociale. L'endettement croissant devient une solution de dernier recours pour subvenir aux besoins alimentaires de la famille, mais il entraîne un cercle vicieux de pauvreté et d'endettement. Certaines familles, désespérées, sont contraintes de vendre des biens personnels, des objets de valeur sentimentale ou des appareils électroménagers pour obtenir de l'argent et acheter de la nourriture, se privant ainsi de leur patrimoine et de leur confort. Ces choix difficiles et douloureux mettent en lumière la précarité extrême de la situation et les conséquences à long terme pour les familles cubaines.
Les dépenses en santé sont souvent les premières à être sacrifiées, avec des conséquences potentiellement graves. L'achat de médicaments, même essentiels, est reporté ou abandonné, ce qui peut entraîner une aggravation des maladies chroniques et une augmentation des risques de complications. La consultation de médecins est également retardée ou évitée, ce qui peut empêcher le diagnostic précoce de maladies graves et réduire les chances de guérison. Cette situation est particulièrement préoccupante pour les personnes âgées, qui sont plus susceptibles de souffrir de maladies chroniques et de nécessiter des soins médicaux réguliers.
Les dépenses en éducation sont également touchées de plein fouet par la crise économique. L'achat de fournitures scolaires, de manuels et de matériel pédagogique est réduit au minimum, ce qui peut affecter la qualité de l'éducation des enfants et limiter leurs chances de réussite scolaire. Certaines familles sont même contraintes de retirer leurs enfants de l'école pour qu'ils puissent travailler et contribuer aux revenus du ménage, compromettant ainsi leur avenir.
La crise alimentaire a un impact disproportionné sur les groupes vulnérables de la population cubaine, tels que les personnes âgées et retraitées avec des pensions fixes, les familles monoparentales, les personnes handicapées et les chômeurs. Ces groupes sont souvent les plus touchés par la hausse des prix, car ils ont des revenus limités et des besoins spécifiques. Le gouvernement cubain tente de fournir une assistance sociale, mais elle est souvent insuffisante pour compenser la hausse des prix et répondre aux besoins de tous ceux qui en ont besoin. L'augmentation du nombre de personnes vivant dans la pauvreté est une conséquence directe de la crise alimentaire et met en évidence la nécessité de renforcer les programmes d'aide sociale et de protéger les plus vulnérables.
- Les dépenses en santé et en éducation sont réduites, compromettant la santé et l'avenir des Cubains.
- L'endettement augmente de manière alarmante pour acheter de la nourriture, entraînant un cercle vicieux de pauvreté.
- La vente de biens personnels devient une solution de dernier recours, privant les familles de leur patrimoine et de leur confort.
- Les groupes vulnérables sont les plus touchés par la crise alimentaire, nécessitant une attention particulière et une protection accrue.
Le marché noir et les "revendeurs" (coleros) : un palliatif coûteux, risqué et illégal
Le marché noir, illégal mais omniprésent, est devenu une nécessité pour de nombreuses familles cubaines, un palliatif désespéré face à la pénurie et à la hausse des prix. Le rationnement étatique, connu sous le nom de "libreta", est largement insuffisant pour couvrir les besoins de base des familles, et l'accès aux produits de base dans les magasins officiels est souvent difficile, aléatoire et marqué par de longues files d'attente. Le marché noir offre une alternative, bien que coûteuse, risquée et illégale, pour se procurer les aliments nécessaires et survivre.
Les prix sur le marché noir sont exorbitants, souvent plusieurs fois supérieurs à ceux des magasins officiels, exploitant la vulnérabilité et le désespoir de la population. Les "coleros", des revendeurs qui font la queue pendant des heures devant les magasins officiels pour acheter des produits de base à prix réglementés, profitent de la pénurie et de la demande pour revendre ces produits à des prix gonflés sur le marché noir, réalisant des profits considérables. Cette pratique est illégale et contribue à alimenter la corruption, mais elle est tolérée par les autorités en raison de la nécessité de répondre aux besoins de la population, faute d'alternatives viables.
Le recours au marché noir comporte des risques importants pour les consommateurs. La qualité des produits vendus est souvent incertaine, et il existe un risque élevé d'acheter des aliments périmés, contaminés, falsifiés ou impropres à la consommation, mettant en danger la santé des consommateurs. De plus, les personnes qui achètent sur le marché noir s'exposent à l'illégalité, à la corruption, au racket et à la violence. Malgré ces risques considérables, de nombreuses familles n'ont pas d'autre choix que de se tourner vers le marché noir pour se nourrir et survivre, témoignant de la gravité de la crise alimentaire à Cuba.
- Le marché noir offre une alternative aux magasins officiels, mais il est illégal et risqué.
- Les prix sur le marché noir sont exorbitants, exploitant la vulnérabilité de la population.
- La qualité des produits est incertaine, exposant les consommateurs à des risques sanitaires.
- Le marché noir alimente la corruption et le crime organisé, déstabilisant la société cubaine.
Stratégies d'adaptation et de survie des familles cubaines face à l'adversité
Face à la crise alimentaire persistante et aux difficultés croissantes, les familles cubaines ont développé une variété de stratégies d'adaptation et de survie ingénieuses et résilientes. Elles se tournent vers l'agriculture urbaine, la solidarité communautaire, l'entraide familiale et l'émigration pour faire face aux défis et assurer leur subsistance, témoignant de leur force, de leur créativité et de leur capacité à surmonter l'adversité.
L'agriculture urbaine et la culture de subsistance : un retour aux racines et une source d'espoir
L'agriculture urbaine connaît une relance importante et un essor sans précédent à Cuba, devenant une source d'espoir et un moyen de subsistance pour de nombreuses familles. De plus en plus de familles cultivent des jardins potagers sur leurs balcons, leurs toits, leurs cours et leurs terrains vagues, transformant les espaces urbains en oasis de verdure. Le gouvernement cubain encourage cette pratique en fournissant des semences, des outils, des conseils techniques et une formation aux agriculteurs urbains. L'agriculture urbaine permet aux familles de produire une partie de leur propre nourriture, de diversifier leur alimentation, de réduire leur dépendance aux marchés et de contribuer à la sécurité alimentaire de leur communauté.
L'autoproduction alimentaire, incluant l'élevage de petits animaux, est également en augmentation et contribue à améliorer la sécurité alimentaire des familles. De nombreuses familles élèvent des poulets, des lapins, des cochons d'Inde et d'autres animaux de basse-cour dans leurs cours ou sur leurs toits pour compléter leur alimentation en protéines. La conservation des aliments, par la mise en conserve, le séchage, le salage, le fumage et la fermentation, est une pratique traditionnelle qui permet de préserver les récoltes, de prolonger la durée de conservation des aliments et d'assurer un approvisionnement alimentaire stable tout au long de l'année. Ces pratiques ancestrales, combinées aux techniques modernes d'agriculture urbaine, permettent aux familles de faire face à la pénurie, de réduire le gaspillage alimentaire et de maintenir une certaine autonomie alimentaire.
L'agriculture urbaine à Cuba se heurte à des défis importants, tels que le manque d'eau, de semences de qualité, d'engrais organiques, de pesticides biologiques et d'outils appropriés. La pollution des sols urbains, le manque d'espace, les conditions climatiques difficiles et le manque de connaissances techniques sont également des obstacles à surmonter. Malgré ces défis, l'agriculture urbaine continue de se développer à Cuba et de jouer un rôle de plus en plus important dans la sécurité alimentaire des familles, grâce à l'ingéniosité, à la persévérance et à la détermination des agriculteurs urbains.
- Les familles cultivent des jardins potagers urbains, transformant les espaces citadins en oasis de verdure.
- L'autoproduction alimentaire, incluant l'élevage de petits animaux, contribue à diversifier l'alimentation et à améliorer la sécurité alimentaire.
- La conservation des aliments, une pratique ancestrale, permet de préserver les récoltes et de prolonger la durée de conservation des aliments.
- L'agriculture urbaine fait face à des défis, mais elle continue de se développer grâce à la résilience des agriculteurs urbains.
Le recours à l'entraide, à la solidarité et à la mutualisation des ressources : tisser des liens pour survivre
L'entraide, la solidarité et la mutualisation des ressources sont des valeurs essentielles de la culture cubaine qui jouent un rôle crucial dans la survie des familles face à la crise alimentaire. Le réseau familial et amical, solide et soudé, est essentiel pour partager la nourriture, les biens, les connaissances et les compétences. L'échange de produits et de services, connu sous le nom de "trueque", est une pratique courante qui permet d'obtenir des biens et des services sans avoir à dépenser de l'argent, en échangeant des produits agricoles, des outils, des vêtements, des services de réparation, des cours de langue ou d'autres compétences.
Des initiatives communautaires se développent et se multiplient pour aider les familles à faire face à la crise alimentaire. Des cuisines collectives préparent des repas nutritifs et abordables pour les personnes dans le besoin, en utilisant des ingrédients locaux et des dons alimentaires. Des groupes d'achat collectifs négocient des prix plus bas avec les agriculteurs et les fournisseurs, permettant aux familles d'accéder à des aliments de qualité à des prix plus abordables. Des banques alimentaires collectent et distribuent des dons alimentaires aux familles nécessiteuses, luttant contre le gaspillage alimentaire et la faim. Ces initiatives témoignent de la capacité des Cubains à s'organiser, à s'entraider et à créer des solutions innovantes pour surmonter l'adversité et construire une société plus juste et solidaire.
La solidarité, aussi forte soit-elle, a ses limites en période de crise généralisée et de pénurie persistante. La crise alimentaire touche presque toute la population, et les ressources disponibles sont limitées, ce qui rend difficile de répondre aux besoins de tous. Malgré ces limites, l'entraide, la solidarité, le partage et la mutualisation des ressources restent des valeurs fondamentales pour les Cubains et contribuent à atténuer les effets dévastateurs de la crise alimentaire et à renforcer le tissu social.
- Le réseau familial et amical, solide et soudé, est essentiel pour partager la nourriture, les biens et les connaissances.
- L'échange de produits et de services, connu sous le nom de "trueque", permet d'obtenir des biens et des services sans avoir à dépenser de l'argent.
- Des cuisines collectives préparent des repas nutritifs et abordables pour les personnes dans le besoin.
- La solidarité, aussi forte soit-elle, a ses limites, mais elle reste une valeur fondamentale pour les Cubains.
L'émigration et les envois de fonds (remesas) : une soupape de sécurité controversée et un dilemme déchirant
L'émigration est devenue une solution de plus en plus courante et attrayante pour de nombreux Cubains qui cherchent désespérément de meilleures opportunités économiques et une vie plus digne à l'étranger. Le nombre de personnes qui quittent l'île est en augmentation constante, en particulier vers les États-Unis, l'Espagne et d'autres pays d'Amérique latine et d'Europe. L'émigration soulage une partie de la pression économique sur Cuba, en réduisant le nombre de personnes à nourrir et en générant des envois de fonds (remesas) qui soutiennent les familles restées sur l'île. Cependant, l'émigration entraîne également une perte de talents, de compétences, de main-d'œuvre qualifiée et de capital humain, ce qui peut affecter le développement économique à long terme du pays.
Les envois de fonds (remesas), l'argent envoyé par les Cubains vivant à l'étranger à leurs familles restées sur l'île, jouent un rôle crucial et indispensable dans l'économie cubaine, en particulier en période de crise. Ces envois de fonds aident les familles à acheter de la nourriture, des médicaments, des vêtements et d'autres biens essentiels, et contribuent à améliorer leur niveau de vie. Les envois de fonds sont une source de revenus importante pour de nombreuses familles, mais ils sont soumis à des réglementations gouvernementales strictes, à des taxes élevées et à des coûts de transfert exorbitants, ce qui réduit leur impact et limite leur accès.
Les envois de fonds proviennent principalement des États-Unis, où vivent des millions de Cubains et de descendants de Cubains. Selon les estimations, les envois de fonds vers Cuba atteignent plusieurs milliards de dollars par an, représentant une part importante du PIB cubain et contribuant à maintenir à flot l'économie du pays. L'émigration et les envois de fonds sont une soupape de sécurité pour les familles cubaines, mais ils ne sont pas une solution durable à la crise économique et soulèvent des questions éthiques et morales sur le sacrifice de la patrie et l'avenir du pays.
- L'émigration est en augmentation, à la recherche de meilleures opportunités économiques à l'étranger.
- Les envois de fonds (remesas) aident les familles à acheter de la nourriture et d'autres biens essentiels.
- Les envois de fonds proviennent principalement des États-Unis, où vivent de nombreux Cubains et descendants de Cubains.
- L'émigration soulève des questions éthiques et morales sur l'avenir du pays.
Perspectives d'avenir et propositions de solutions pour une cuba plus prospère
L'avenir de la sécurité alimentaire à Cuba dépend de la mise en œuvre de mesures efficaces, durables et inclusives pour stimuler la production agricole locale, diversifier les sources d'approvisionnement, réduire la dépendance aux importations, renforcer les programmes d'aide sociale, promouvoir la justice sociale et protéger les droits de l'homme. Une approche globale, intégrée et coordonnée, impliquant tous les acteurs de la société, est nécessaire pour surmonter la crise actuelle, construire une Cuba plus prospère, plus juste et plus durable, et assurer un avenir alimentaire stable, sûr et nutritif pour tous les Cubains.
Les mesures gouvernementales : une réforme en profondeur est indispensable
Le gouvernement cubain a mis en place une série de réformes agricoles au cours des dernières années pour encourager la production privée, accroître l'offre alimentaire et réduire la dépendance aux importations. Cependant, ces réformes ont eu un impact limité jusqu'à présent, en raison de la bureaucratie excessive, du manque d'accès au crédit, du contrôle des prix et de l'absence d'un marché libre et concurrentiel. Le contrôle des prix est une mesure utilisée pour lutter contre l'inflation, mais il a souvent conduit à des pénuries, à un marché noir florissant et à une corruption généralisée. Les programmes d'aide sociale, tels que les subventions alimentaires, les pensions et les allocations familiales, sont insuffisants pour protéger les groupes vulnérables de la hausse des prix et de la pauvreté.
Pour améliorer la situation de manière significative, le gouvernement cubain pourrait envisager de libéraliser davantage l'agriculture, en autorisant les agriculteurs à posséder leurs terres, à fixer leurs propres prix et à vendre leurs produits directement aux consommateurs, sans intermédiaires étatiques. Il pourrait également réduire la bureaucratie, simplifier les procédures administratives et faciliter l'accès au crédit pour les agriculteurs, afin de stimuler la production et l'investissement dans le secteur agricole. Il est essentiel de diversifier les sources d'approvisionnement alimentaire, en encourageant la production locale de fruits, de légumes, de viande, de produits laitiers et d'autres aliments nutritifs, et en réduisant la dépendance aux importations de produits de base comme le riz et les haricots. Il est également impératif de renforcer les programmes d'aide sociale, en augmentant les subventions alimentaires, les pensions et les allocations familiales, et en ciblant les groupes vulnérables, afin de garantir un niveau de vie minimum pour tous les Cubains.
Une autre option à explorer serait de promouvoir l'investissement étranger dans le secteur agricole, en attirant des entreprises étrangères qui possèdent les technologies, les compétences et les capitaux nécessaires pour moderniser la production agricole et améliorer la qualité des aliments. Il serait également bénéfique d'encourager l'innovation et l'adoption de nouvelles technologies agricoles, telles que l'agriculture de précision, l'irrigation efficace et la sélection de variétés de cultures résistantes à la sécheresse et aux maladies, afin d'augmenter les rendements et de réduire les pertes. Le gouvernement cubain doit également s'engager à protéger l'environnement et à promouvoir des pratiques agricoles durables, afin de préserver les ressources naturelles et d'assurer la sécurité alimentaire à long terme.
Le rôle de la communauté internationale : un soutien humanitaire et économique indispensable
La communauté internationale peut jouer un rôle important et constructif dans le soutien à Cuba pour surmonter la crise alimentaire et construire un avenir plus prospère et durable. La levée ou, à défaut, l'assouplissement de l'embargo américain aurait un impact humanitaire significatif sur la population cubaine, en permettant l'importation de nourriture, de médicaments et d'autres biens essentiels, et en facilitant le commerce et l'investissement. L'aide humanitaire et la coopération internationale, sous forme de dons alimentaires, de financement de projets de développement agricole, de transfert de technologies et de formation, peuvent également contribuer à améliorer la production agricole et la distribution alimentaire.
Le soutien financier et technique est nécessaire pour aider Cuba à développer une agriculture plus durable, résiliente et productive. La coopération bilatérale et multilatérale peut fournir les ressources nécessaires pour mettre en œuvre des programmes de développement agricole, améliorer les infrastructures, renforcer les capacités locales et promouvoir l'innovation. La communauté internationale peut également jouer un rôle essentiel dans la promotion du dialogue et de la coopération entre Cuba et ses voisins, en favorisant les échanges commerciaux, les investissements et les partenariats dans le secteur agricole.
Plusieurs organisations internationales, telles que l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), la Croix-Rouge et d'autres organisations non gouvernementales (ONG), ont déjà mis en place des programmes d'aide à Cuba. Cependant, ces programmes sont souvent limités par le manque de ressources, les obstacles bureaucratiques et les restrictions imposées par l'embargo. Un effort concerté de la communauté internationale, impliquant les gouvernements, les organisations internationales, les ONG et le secteur privé, est nécessaire pour fournir un soutien adéquat, durable et coordonné à Cuba.
Vers une agriculture plus durable, innovante et respectueuse de l'environnement
La promotion de l'agroécologie, de l'agriculture biologique et de l'agriculture régénératrice est essentielle pour assurer un avenir alimentaire durable, résilient et respectueux de l'environnement à Cuba. Ces pratiques agricoles réduisent la dépendance aux intrants chimiques, améliorent la qualité des sols, augmentent la biodiversité, réduisent les émissions de gaz à effet de serre et renforcent la résilience des écosystèmes agricoles. Cuba a déjà acquis une expérience considérable et reconnue en agroécologie, notamment grâce à l'agriculture organoponique, qui permet de produire des légumes frais en milieu urbain, en utilisant des techniques biologiques et des ressources locales.
L'adaptation au changement climatique est également cruciale pour assurer la sécurité alimentaire à long terme. Le développement de variétés de cultures résistantes à la sécheresse, aux inondations, aux maladies et aux ravageurs, ainsi que la mise en place de systèmes d'irrigation efficaces, la conservation des sols et la gestion durable de l'eau, sont des mesures essentielles pour protéger les récoltes des effets dévastateurs du changement climatique. Il est également important de promouvoir la diversification des cultures, l'intégration de l'élevage et de l'agriculture, et la conservation de la biodiversité, afin de renforcer la résilience des systèmes agricoles et de réduire leur vulnérabilité aux aléas climatiques.
Un exemple concret et inspirant de réussite en agroécologie à Cuba est la ferme Alamar, située à la périphérie de La Havane. Cette ferme produit une grande variété de fruits, de légumes, d'herbes aromatiques et de fleurs biologiques, en utilisant des techniques agroécologiques innovantes, telles que la rotation des cultures, le compostage, le biocontrôle et la conservation des sols. La ferme Alamar fournit des aliments sains et nutritifs à la population locale, crée des emplois, forme des agriculteurs et sert de modèle pour d'autres agriculteurs cubains et internationaux.
En 2024, les salaires mensuels moyens à Cuba restent lamentablement bas, se situant souvent autour de 4200 pesos cubains, ce qui équivaut à environ 17 dollars américains au taux de change informel en vigueur. Ce chiffre alarmant met en évidence la disparité abyssale entre les revenus et le coût de la vie, rendant l'accès à une alimentation adéquate et à d'autres besoins de base un défi insurmontable pour de nombreuses familles cubaines, les poussant au bord de la désespoir.
La production de sucre, autrefois le pilier de l'économie cubaine et la fierté nationale, a connu une baisse catastrophique au cours des dernières années, atteignant des niveaux historiquement bas. En 2023, la production de sucre a chuté à son niveau le plus bas depuis plus d'un siècle, impactant gravement les revenus à l'exportation, la disponibilité de produits dérivés tels que le rhum et l'emploi dans les régions rurales. Cette crise du sucre contribue à la pression économique globale et affecte indirectement la capacité du pays à importer d'autres produits alimentaires de base et des intrants agricoles.
Environ 60% de la nourriture consommée à Cuba est importée, ce qui rend le pays extrêmement vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux, aux perturbations des chaînes d'approvisionnement et aux sanctions économiques. Réduire cette dépendance excessive aux importations est essentiel pour améliorer la sécurité alimentaire à long terme, renforcer l'autonomie alimentaire et protéger la population des chocs externes. Investir massivement dans l'agriculture locale, diversifier les sources d'approvisionnement, soutenir les agriculteurs et promouvoir la consommation de produits locaux sont des mesures cruciales pour atteindre cet objectif stratégique.
En 2022, environ 70% des Cubains avaient accès à Internet, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux années précédentes et un pas important vers la connectivité universelle. Cette connectivité croissante peut être utilisée pour faciliter l'accès à l'information, aux connaissances et aux compétences, promouvoir l'agriculture urbaine, connecter les agriculteurs aux marchés, améliorer l'accès aux services de santé et d'éducation, et renforcer la participation citoyenne. Cependant, l'accès à Internet reste inégal, coûteux, censuré et limité en termes de bande passante, ce qui limite son impact sur la sécurité alimentaire et le développement économique.
- Le salaire mensuel moyen à Cuba est d'environ 17 dollars US, un chiffre dérisoire qui ne permet pas de satisfaire les besoins de base.
- 60% de la nourriture consommée à Cuba est importée, rendant le pays vulnérable aux chocs externes.
- La production de sucre, autrefois le pilier de l'économie, a chuté à des niveaux historiquement bas.
- 70% des Cubains ont accès à Internet, mais l'accès reste inégal et coûteux.
Le tourisme, bien qu'affecté par la pandémie de COVID-19 et les sanctions économiques, continue de contribuer de manière significative à l'économie cubaine, rapportant environ 2,6 milliards de dollars US en 2023, en légère reprise par rapport aux années précédentes. La relance et la diversification du secteur touristique, en attirant des visiteurs du monde entier, en développant l'écotourisme et le tourisme culturel, et en améliorant la qualité des services, sont cruciales pour générer des devises étrangères qui peuvent être utilisées pour importer des aliments, des médicaments et d'autres ressources essentielles. Les efforts visant à attirer des investissements étrangers, à créer des emplois et à promouvoir le développement économique local sont essentiels pour soutenir la reprise économique et améliorer le niveau de vie de la population.
Malgré les défis insurmontables, les familles cubaines font preuve d'une résilience, d'une ingéniosité et d'une détermination remarquables pour faire face à la crise alimentaire et construire un avenir meilleur. Elles s'adaptent, innovent, s'entraident et luttent pour survivre dans un contexte économique, politique et social extrêmement difficile. Leur capacité à surmonter l'adversité est une source d'inspiration pour le monde entier et un témoignage de la force de l'esprit humain face à l'injustice et à l'oppression.